Je m'interdis habituellement, ici, de parler de mes occupations professionnelles - mais à mon avis, il n'est pas très difficile aux visiteurs de ce blog de deviner que je suis une salariée de la fonction publique.
C'est l'explication de mon silence, qui se prolongera, sur mes fonctions et l'endroit où je les exerce. Car le "fonctionnaire" a certes des droits, dont je suis la première à prendre la défense, mais aussi des devoirs qu'il convient évidemment de respecter à la lettre, comme ce "devoir de réserve" qui limite sa liberté d'expression publique. Je m'en tiens donc fermement à cette position.
Mais évidemment, ce n'est pas outrepasser cette règle que d'admettre qu'être fonctionnaire, de nos jours, c'est être dans la merde... Non seulement cette catégorie a été désignée fort précisément comme l'ennemie publique n° 1, qu'il convenait d'abattre sous les quolibets, mais encore les rescapés, toujours sous de vagues menaces d'extinction totale, doivent subir la métamorphose de leur milieu.
C'est donc de manière générale, et non pour évoquer quoi que ce soit de mes occupations professionnelles précises que je souhaite, ici, et en guise de soupape, vous parler de Jacques. Jacques n'est ni un collègue, ni une connaissance. C'est un membre de ma famille, et il se trouve, par hasard, qu'il exerce dans un milieu professionnel similaire au mien , à quelques centaines de kilomètres de distance, voilà tout.
Et il est l'illustration même de la métamorphose qu'on nous impose...
A savoir que des gens comme Jacques, qui ne passent pas les concours donc ne démontrent pas, non pas leurs capacités, mais leur niveau de culture et de connaissances, prennent la place de fonctionnaires, place qui devrait, d'après le statut de la fonction publique, revenir de plein droit à ces derniers. Jacques est un de ces "coucous", habitant son nid de façon illégitime (à mes yeux, pas à ceux de Sarkozy !) . Il est le représentant type d'une administration publique sans statut, recruté par cooptation, et qui, ne bénéficiant pas de la protection statutaire, aura tendance à en observer négligemment les devoirs. L'égalité de tous devant le service public, l'obligation de continuité de celui-ci, les règles de financement, la non-capitalisation de l'argent public, j'en passe et des meilleurs, pfff, R.A.B !!! ... Et, au final, on peut ainsi fermer des services "en régie directe" pour faire assurer leurs missions par des entreprises privées, qui, comme chacun sait, cherchent, elles, le profit financier et n'en ont que foutre du bien commun.
Jacques est donc un oiseau sans trop de scrupules qui se permet, évidemment, de mépriser ceux qui l'accueille et prône, bien évidemment encore, "l'efficacité", érigée en valeur absolue contre le "droit" (comme si les règles de droit administratif français étaient inefficaces, laissez-moi rire, et allez faire un tour là où il n'y a pas de fonction publique réglementée, juste pour voir comment ça se passe, n'oubliez surtout pas votre portefeuille, hein, corruption oblige).
Coucou qui est là avant tout pour servir, non la collectivité - soit l'intérêt général, mais son "patron" politique... en adoptant sa couleur (d'un joli bleu-roi en l'espèce !), - soit un intérêt particulier.
De plus, Jacques m'a appris que sa rémunération en tant que contractuel en CDI (type de contrat auparavant impossible en fonction publique), dans une structure territoriale , était basée sur celle de la fonction publique d'Etat (la mieux payée), et encore, non pas en tant qu'"attaché" ( sur des missions relevant de l'administration, de la gestion de personnel, des connaissances juridiques) mais sur l'échelle d' "ingénieur" (c'est-à-dire sur des missions qui font appel à des connaissances théoriques ou pratiques approfondies dans les mathématiques, la physique, le bâtiment etc.), ce qui ne correspond à rien de ce qu'il pratique vraiment...
Les filières techniques sont, comme par hasard, emplies de bonshommes . Et, toujours comme par hasard, les primes, avancements et autres avantages sont supérieurs dans les filières techniques qu'administratives, ben tiens. Ce qui fait que, de façon parfaitement légale mais parfaitement hypocrite, à même niveau de grade et de responsabilité, les ingénieurs-hommes seront mieux payés que les attachés-femmes, ben tiens, ben tiens !
Donc, Jacques joue sur tous les tableaux. Coucou de la fonction publique, il a le salaire le plus élevé possible, en cumulant le côté "ingénieur", "cadre A", et "Fonction Publique d'Etat" (et non FP territoriale), et tout ceci sans avoir eu à prouver quoi que ce soit au niveau de ses qualifications. Certes, il n'aura pas d'augmentation "automatique", par le jeu de la progression de carrière, dont je bénéficie. Il devra négocier cette augmentation via son contrat. Ca le rendra d'autant plus docile, et prêt à fermer les yeux sur toutes les petits accrocs à la légalité de son employeur, notez...
Et c'est à se demander pourquoi tant de "connards" passent-ils tant de temps à préparer des concours difficiles (genre CAPES pour l'éducation nationale) dans ces conditions, mmhhhh ? De plus, les réflexions pro-Woerthiennes déclarées en famille par Jacques, sarkozyste jusqu'au slip (et on comprend maintenant pourquoi : c'est son intérêt le plus basique), me renvoient directement au malaise généralisé des services publics. Oh, je suis sûre que Jacques doit bien arriver à se faire apprécier des secrétaires qui peuplent son service (et se tapent le boulot concret)... à condition que ces dernières "jouent le jeu". Ce jeu de soumission-séduction-absence de réflexion politique, qui garantit l'impunité à ceux qui veulent détruire le service public, donc, objectivement, mes ennemis, quoi.
Et des Jacques, j'en connais un tas, de plus en plus depuis Sarko, et comme par hasard, ça ne colle jamais terrible entre nous...
D'autant qu'ils sont évidemment mes "supérieurs hiérarchiques"... Et que, plus je vieillis, moins j'accepte le jeu qu'on prétend m'imposer.
Combien sommes-nous, dans mon cas, à attendre d'être expulsés pour céder la place aux coucous de la métamorphose ?