Deux lectures croisées, du fond de mon lit (que faire d'autre, en décembre, que de s'adosser aux coussins, remonter le chat le long de son flanc, ajuster la lumière et ouvrir un livre ?) . Salvayre, en premier, avec qui j'apprends à ne pas pleurer, et dont le travail littéraire me renvoie curieusement... à Céline ! Heureusement que je dis ça ici, et non chez Assouline : je me ferais écharper, là-bas ; d'ailleurs, je vais peut-être me faire écharper quand même...
Ce que je veux dire, c'est que dans "pas pleurer", Salvayre reconstitue le sabir de sa mère - mélange de castillan et de français du sud, mais en le "tordant" pour arriver à ses fins. Un peu comme Céline tordant le parler parisien pour donner l'illusion d'une écriture spontanée, alors qu'on ne peut rêver construction plus écrite. Salvayre réussit le même tour de force, en se mettant en scène à l'intérieur même des récits maternels. Elle "réagit" aux paroles de la mère, soulignant l'humour invonlontaire de certaines tournures, se dédoublant, devenant à la fois l'un des personnages du récit mais aussi le lecteur du livre. Elle l'avait déjà fait dans "WG" - c'est un travail littéraire remarquable et troublant. Certes, on pourrait parler de "procédé", mais alors, il faudrait employer aussi ce terme pour Céline, non ?
L'autre lecture du jour dernier , c'est le petit numéro spécial de Charlie sur "l'histoire du petit Jésus". Comme ils l'ont fait pour le Coran, les Charlie illustrent au pied de la lettre les récits bibliques, et c'est tordant, évidemment : comment croire à de pareilles fariboles ? Il est vrai que le besoin de croire est plus fort que toute invraisemblance...
A part ça, je procrastine un max. Dans tous les domaines : ma nouvelle est bloquée au feu rouge de ma volonté, ma carte d'abonnement annuel à la piscine municipale se terre, humiliée et inutile depuis des semaines et des semaines, dans les replis de mon portefeuille, et je dérushe, oh, mollement n'est-ce pas, le documentaire de Clopin. Quand je veux avoir honte, je regarde Clopin, qui court partout et a entrepris une sorte de "rangement général de tout". Et puis, une fois que je l'ai bien regardé se démener, je retourne... Caresser le chat... C'est fou ce que la honte est absente des univers félins. C'en est, comment dire ? Réconfortant, voilà.