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9 décembre 2014 2 09 /12 /décembre /2014 08:53

Deux lectures croisées, du fond de mon lit (que faire d'autre, en décembre, que de s'adosser aux coussins, remonter le chat le long de son flanc, ajuster la lumière et ouvrir un livre ?) . Salvayre, en premier, avec qui  j'apprends à ne pas pleurer, et dont le travail littéraire me renvoie curieusement... à Céline ! Heureusement que je dis ça ici, et non chez Assouline : je me ferais écharper, là-bas ; d'ailleurs, je vais peut-être me faire écharper quand même...

 

Ce que je veux dire, c'est que dans "pas pleurer", Salvayre reconstitue le sabir de sa mère - mélange de castillan et de français du sud, mais en le "tordant" pour arriver à ses fins. Un peu comme Céline tordant le parler parisien pour donner l'illusion d'une écriture spontanée, alors qu'on ne peut rêver construction plus écrite. Salvayre réussit le même tour de force, en se mettant en scène à l'intérieur même des récits maternels. Elle "réagit" aux paroles de la mère, soulignant l'humour invonlontaire de certaines tournures, se dédoublant, devenant à la fois l'un des personnages du récit mais aussi le lecteur du livre. Elle l'avait déjà fait dans "WG" - c'est un travail littéraire remarquable et troublant. Certes, on pourrait parler de "procédé", mais alors, il faudrait employer aussi ce terme pour Céline, non ?

 

L'autre lecture du jour dernier , c'est le petit numéro spécial de Charlie sur "l'histoire du petit Jésus". Comme ils l'ont fait pour le Coran, les Charlie illustrent au pied de la lettre les récits bibliques, et c'est tordant, évidemment : comment croire à de pareilles fariboles ? Il est vrai que le besoin de croire est plus fort que toute invraisemblance...

 

A part ça, je procrastine un max. Dans tous les domaines : ma nouvelle est bloquée au feu rouge de ma volonté, ma carte d'abonnement annuel à la piscine municipale se terre, humiliée et inutile depuis des semaines et des semaines, dans les replis de mon portefeuille, et je dérushe, oh,  mollement n'est-ce pas,  le documentaire de Clopin. Quand je veux avoir honte, je regarde Clopin, qui court partout et a entrepris une sorte de "rangement général de tout". Et puis, une fois que je l'ai bien regardé se démener, je retourne... Caresser le chat... C'est fou ce que la honte est absente des univers félins. C'en est, comment dire ? Réconfortant, voilà.

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8 décembre 2014 1 08 /12 /décembre /2014 11:56

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7 décembre 2014 7 07 /12 /décembre /2014 08:37

J'ai lu avec intérêt le compte-rendu du livre d'Alain Borer, qui, comme  autrefois Etiemble, regrette l'invasion des termes anglais-américains dans notre français natal, sous un titre racinien  "de quel amour blessée".

 

Il y a quelques années, j'aurais adhéré sans aucun partage. La langue, notre belle langue, notre patrimoine, blessée sous les perfides attaques des maîtres du monde : résister encore et toujours à l'envahisseur, tel est notre devoir... Allez, tous en selle, et gardons-nous à droite, et gardons-nous à gauche, tudieu !

 

Cependant... Je voudrais juste remarquer deux petites choses. La première est que le territoire principalement envahi est celui de la langue parlée. Or, la langue parlée est bien entendu la plus mouvante , celle qui se transforme le plus, donc particulièrement fragile. Mais elle est aussi celle qui absorbe le plus, qui "digère" la nouveauté le plus rapidement, et surtout qui la restitue autre, imagée, différente. Certes, l'argot parisien disparaît. Mais c'est sa vocation... La langue  parlée est le reflet de l'époque, et je n'en connais guère qui ne soit protéiforme, modulable, inventive et rebondissante. Et si l'anglobal n'était rien d'autre qu'un nouvel argot, en attendant l'apparition d'un autre ? Et si cet argot représentait le plus notre époque, avec ses apports de partout, son mélange, sa richesse si diverse ?

 

L'autre trait à souligner, à mon sens, est que la langue, ce miroir, se nourrit des inventions des hommes. Une amie m'a reproché le terme "pitch", pour m'enjoindre d'utiliser le "bon" français "résumé". Eh bien, je ne suis pas d'accord. Même s'il est de bon ton de lutter encore et toujours contre l'envahisseur, de défendre "l'exception culturelle" et de déplorer la prééminence du cinéma américain, il faut quand même reconnaître que la technique cinématographique, depuis le 20è siècle, est issue, est imprégnée des savoirs d'outre-Atlantique. Et l'oreille ne trompe pas ! Un "pitch", ça me renvoie bien plus à la pichenette qu'au plat résumé. Et comme il s'agit d'une seule phrase condensant le sujet d'un film, je préfèrerais toujours ma pichenette, mon "pitch".

 

Idem pour le langage informatique, qui pénètre peu à peu. Certes, il est très prégnant, et de sages personnes tentent de trouver des équivalents en "bon français" (je me suis d'ailleurs amusée à cela  sur  télérama.fr, il y a quelques années).  Mais perso je pense qu'il suffit d'attendre, et que les mots anglais seront déformés et appropriés. Peut-être pas de façon "orthodoxe", mais qu'importe ? Nos "ordinateurs" ont bien résisté aux "computers" - faisons donc un peu confiance au génie de notre langue pour modeler, comme elle l'a toujours fait, ses contours et son apparence, adhérant ainsi au plus près le monde qui la nourrit.

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4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 11:20

Ca y est, enfin, c'est fini : Clopin a remis la grande salle en état. Quand je repense aux derniers mois passés là autour... C'est peu de dire qu'il y avait, vers le mois de juin, comme un air de défaite dans l'air. L'atmosphère était carrément Bérézinienne, que dis-je ? Ca sentait la Waterloose (prononcer "louze"), oui !

 

Clopin avait d'abord fait dans le déni. Il ne POUVAIT PAS  y avoir de mérule (ce terrible champignon xylophage) derrière les lambris, parce que ces derniers n'avaient pas été conçus pour être  démontés. 

 

Et il ne POUVAIT PAS  y avoir de mérule sous le parquet, parce que ce dernier était inamovible.

 

Ce raisonnement était si imparable que nous avons encore laissé passer quelque temps, avant de nous attaquer au  problème. Et je revois la mine déconfite de Clopin, quand, les lambris inamovibles une fois  enlevés, le parquet indémontable une fois démonté, les terribles dégâts apparurent, dans une forte odeur de champignon  : on se serait crus dans un sous-bois.

 

D'où quelques chantiers beaubecquois organisés cet automne. Dans une atmosphère quelque peu différente de d'habitude, cependant : les autres chantiers,  bâtiments, toiture, etc.,  étaient portés par un enthousiasme créateur. Celui-là ne visait qu'à réparer les dégâts - une reconstruction qui aurait pu être parfaitement morose, vu le découragement de Clopin, si palpable qu'il confinait au désarroi...

 

Il n'en fut rien, grâce aux potes qui se sont mobilisés, et que je remercie encore, du fond du coeur  !  On a entendu les mêmes jeux de mots, les mêmes rigolades, on a ripaillé autour de la table et le boulot (pénible) fut enlevé avec la même aisance. Et Clopin, emporté par sa méticulosité et son perfectionnisme, a achevé une salle encore plus belle qu'autrefois - lambris aérés  et désormais...démontables, parquet de chêne lisse et blond comme la chevelure de la Lorelei : une réussite... Et cocorico : Gergovie plutôt qu'Alésia, pour sûr !

 

 

 

 

 

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2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 15:03

Pas mal en colère, la Présidente de Beaubec Productions que je suis, d'autant que ce genre d'incidents nous fait perdre du temps, et de l'énergie...

Un bon moyen de se calmer, c'est d'écrire précisément ce qui s'est passé, non ?

 

(lettre réellement envoyée à Monsieur le Maire !)

 

"

le 27 novembre 2014

Monsieur RIMBERT

Maire de BEAUVOIR-EN-LYONS

76*** BEAUVOIR-EN-LYONS

Objet : incrimination d’un billet

Mis en ligne sur le site de « Beaubec Productions »

 

Monsieur le Maire,


 Pendant notre  entretien téléphonique d’hier après-midi, vous avez menacé de poursuites judiciaires  « Beaubec Productions », l’association loi de 1901 que je préside et qui est  l’organisme qui nous permet de tourner des films documentaires en faveur de l’environnement. Cependant,  vous avez bien voulu, au terme de la conversation et sur ma suggestion, nous accorder un entretien mardi prochain à 14 h, à la Mairie.

 

Après réflexion, nous avons décidé de ne pas honorer ce rendez-vous. En effet, « Beaubec Productions » n’est ni un organe de presse, ni un média, et à ce titre, nous n’avons pas vocation à démêler le vrai du faux dans les allégations de vos concitoyens par rapport à vos éventuelles  mauvaises pratiques environnementales ; notre but n’est donc pas de vous dénoncer vous personnellement, mais bien d’illustrer les atteintes au bocage brayon, à ses haies,  et à la nature en général, telles qu’elles peuvent être constatées en différents endroits du territoire. Or, vous n’avez pas l’apanage, hélas, du mépris pour la biodiversité, du dédain pour  la richesse des paysages et du manque de  respect des ressources naturelles.

 

Beauvoir-en-Lyons compte par ailleurs des citoyens sensibilisés à ces thématiques environnementales. Ce sont eux  que vous devez convaincre, si vous le pouvez et le souhaitez,  du caractère « mensonger » des accusations portées contre vous, notamment les dépôts d’ordures illégaux, le comblement des mares,  l’arrachage de haies et la suppression d’un chemin communal, pratiqués par le passé ou encore maintenant. Nous ne souhaitons pas interférer dans  un tel débat qui, démocratiquement, devrait avoir lieu dans votre commune.

 

Le site de Beaubec Productions et son « journal de tournage » ont  pour but d’informer les personnes intéressées de l’avancée de nos travaux, chacun est libre de venir, ou non, rechercher son information. A la relecture du billet incriminé, nous admettons que le vocabulaire employé peut être blessant, et que nous affichons peut-être de manière péremptoire notre parti pris. Nous allons donc, afin d’éviter toute polémique, revoir notre rédaction, même si nos convictions écologiques, et ce que nous avons pu constater sur place avec certains de vos concitoyens, nous poussent à estimer qu’effectivement, de graves dommages à l’environnement (et au bien commun, qui aurait dû être transmis aux générations futures), ont eu et ont encore lieu sur le territoire de la Commune dont vous êtes le premier magistrat.

 

 Espérant ainsi clore un incident stérile, pour nous permettre de nous consacrer à nos vraies priorités, à savoir l'achèvement d'un film qui, nous l'espérons, permettra la prise de conscience nécessaire au discernement entre les "bonnes" et "mauvaises" pratiques agricoles,  nous vous adressons, Monsieur le Maire, nos considérations distinguées.

Pour Beaubec Productions,

La Présidente,

« Clopine Trouillefou »

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1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 09:45

Certes,  le mois de novembre n'est pas le meilleur moment pour pousser la porte de la longère aux volets bleus, posée derrière ses haies dans les champs brayons, et se promener dehors. Si le jardin déclare encore femement  sa vocation potagère, et qu'il  "donne" encore tout ce qu'il peut  avant l'hiver,  il a définitivement perdu sa splendeur pleine de sève du printemps et de l'été, et arbore une triste mine... Les grandes tiges des tournesols se dressent encore, mais elles sont désolées, flanquées de leurs feuilles fanées et pendantes comme des oreilles de cokers déprimés. Les bettes alignent toujours  leur feuillage, d'un vert vernissé,  au-dessus du blanc comestible de leurs côtes, mais leurs  feuilles sont remplies de trous, et se recroquevillent, mangées qu'elles sont, sur leur pourtour, par le pourrissement humide de l'automne... Tout le jardin vire  à l'ocre, au marron,  et  les différentes plantes  se penchent  vers la terre sombre et humide, comme épuisées : on dirait des petites vieilles au cimetière,  rêvant sombrement, devant les pierres dressées,  au repos éternel.

 

Les champs ne vont guère mieux. La terre commence à se voir, par endroits, et tourne à la glaise, qui colle lourdement aux pieds des marcheurs, dans le pré du bas  - les ânes, qui continuent à "prendre des bains" en se roulant par terre, transportent sur leurs poils des mottes grises ; et  l'on ne voit plus,  sur les haies et les alignements d'arbres, le gai mouvement des feuilles remuées de vent, mais bien plutôt, hélas, le glissement des feuilles jaunies par terre : comme un strip-tease d'arbres, qui dévoilent tristement leurs maigres branches noircies, comme autant d'os se détachant sur le ciel...

 

Ce serait parfaitement déprimant, je trouve, mais heureusement, nous étions dimanche quand nous sommes allés "faire un tour dehors", avec  nos amis parisiens . Un dimanche de novembre, commencé dans la brume, certes, mais qui s'est  réchauffé peu à peu, jusqu'à devenir parfaitement réjouissant  - comme si, sortant de la maison tiède et ronronnante, nous levant d'une table où les récits, les paroles et les projets avaient fusés, comme des petits pains chauds qui auraient circulé des mains d'un convive à l'autre, nous avions répandu notre propre chaleur dans l'humide automne du pays de Bray... Il s'agissait de rentrer les moutons - et si vous voulez passer un moment désopilant, vous n'avez qu'à aligner, dans un pré, une poignée de moutons d'un côté, et quelques Parisiens de l'autre, avec pour consigne que les seconds barrent le passage aux  premiers. C'était si plaisant qu'on aurait bien continué le match, mais hélas, Clopin avait attrapé du premier coup le mâle qu'il souhaitait enfermer...  N'empêche que j'ai gardé dans l'oeil la silouhette d'un grand Jacques, par exemple, battant des bras et s'amusant visiblement de toute la scène, pendant que notre amie Patricia  (une brayonne d'origine, elle, même si désormais elle mène  une vie toute parisienne...) sautait sur place comme un kangourou, , pour me raconter que, petite, elle avait peur des boeufs qu'elle devait pourtant rabattre ainsi, sans se laisser intimider, car aux champs c'est l'être humain qui est le maître, et les bêtes sont, doivent être, "domestiques"' !

 

La journée s'est déroulée gaiement, et tout le week-end, d'ailleurs, s'est coloré de sourires. Allons, l'hiver peut bien venir, les mois noirs peuvent bien s'égrener lentement derrière les vitres obscurcies  :  les dimanches beaubecquois, même au milieu du dépérissement hivernal du monde végétal, trouveront bien le moyen d'être éclairés de l'intérieur,  par une chaleur peut-être modeste, certes, mais vivace et...  lumineuse !

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26 novembre 2014 3 26 /11 /novembre /2014 09:57

La Mairie de Mesnil-Lieubray est une demeure en brique, simple, d'un étage,  alignée le long de la route. Sa "salle du Conseil" n'est pas bien grande : la lourde table ovale,  les dix  chaises qui y prennent place, et le fauteuil à accoudoirs du Maire,  occupent quasiment tout l'espace.

 

C'est dire que l'équipe renforcée de BEAUBEC PRODUCTIONS, qui a investi les lieux lundi après-midi, s'est retrouvée serrée.

 

D'autant qu'en plus des trois personnes de l'équipe "technique", Clopin,  Jean-Michel, qui avait bien voulu servir de perchman, et votre servante,  nous disposions de pas moins de deux "photographes de plateau", qui ont en plus donné le coup de main  : la Présidente de l'ABD (association brayonne dynamique) et le Secrétaire de l'A.R.B.R.E. (association rurale brayonne pour le respect de l'environnement). Excusez du peu !

 

Après avoir installé les projecteurs, la caméra sur son socle mobile, le micro sur le costume de Monsieur le Maire, la perche et les câbles,  après l'arrivée des conseillers municipaux,  assis sagement sur leurs chaises rapprochées de le grande table, pendant que Clopin leur tournait autour, comme un dresseur de lions au cirque, ce fut  fait  :  la salle du Conseil était (presque) métamorphosée en plateau de cinéma. Un tout petit plateau, certes, et il fallait faire attention à la grande perche, qui prenait tant d'espace qu'il fallait se garder d'être cognés, mais un vrai plateau  tout de  même.

 

La faute, ou plutôt la cause, tenait surtout à Jérôme GRISEL, Monsieur  le Maire de Mesnil-Lieubray. Beaubec Productions le connaît bien, depuis l'aventure de la Bergère et l'Orchidée, aventure  à laquelle il a bien voulu participer. Et s'il a encore une fois accepté d'être présent  à un de nos tournages, il a en prime, ce coup-là, embarqué tout son conseil municipal avec lui !

 

La gageure a été tenue : nous avons engrangé de précieuses images, retraçant  l'histoire  de la commune Mesnil-Lieubray, de son engagement, dès 2009, en faveur des haies, des mares et des arbres remarquables de son territoire. C'est une démarche  ma foi exemplaire, que le film doit absolument relater...

 

Et tout le monde, Mesdames et Messieurs les Conseillers, Monsieur le Maire, tout le monde a "joué le jeu". Même la secrétaire de Mairie, qui avait quelques fortes réticences (ce qui se comprend, parce que donner son image, c'est donner un peu de soi),  a eu la gentillesse de participer !

 

Que tous ici soient remerciés de leur bonne volonté, et de leur confiance en nous. L'aventure continue, et nous permet de progresser et de diversifier nos tournages : humainement, techniquement, et "pour la bonne cause", nous voici engagés dans un chemin passionnant !

 

 

 

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24 novembre 2014 1 24 /11 /novembre /2014 10:51

Si je devais, ce qu'à dieu ne plaise, ouvrir un restaurant japonais à Bastia...

 

Je l'appellerais "au Maki Corse".

 

...

 

Bon, d'accord, je sors (comme avait coutume de dire Màc sur la Rdl...)

 

(en vrai, je n'aime pas les sushis.)

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19 novembre 2014 3 19 /11 /novembre /2014 09:59

Parmi toutes mes mauvaises nuits (et j'en ai passé quelques-unes, en 58 ans, nom de zeus !), les plus éprouvantes n'ont pas été seulement celles qui débordaient de larmes. Ces nuits-là , j'en connais bien la saveur insomniaque   : la dernière du nom s'est déroulée quand j'ai dû laisser mon chat, tendrement aimé,  lutter contre la mort, toute une nuit,  à la clinique vétérinaire. Je l'avais empoisonné par erreur, il avait toutes les chances d'y passer,  et mes larmes, comme l'océan pour Lady Macbeth, ne suffisaient pas à laver mes mains. Tout juste les emplissaient-elles d'un sel amer...  

 

Mais il est d'autres souffrances nocturnes que celles engendrées par le remords. Ce sont ces nuits hachées d'insomnie, où l'on se réveille, le temps d'allumer la petite lampe, pour vérifier l'heure. 3 heures du matin, puis 4 heures 30, puis 5...  Juste le temps de vérifier les chiffres, sur le cadran, puis on referme la lampe, on se tourne et retourne sur l'oreiller, on soupire un peu. Quand donc le sommeil va-t-il arriver ? Il vous prend par surprise, vous croyez somnoler et puis non, vous voilà en plein rêve - mais le hachoir à nuits est là, en parfait état de marche  : le rêve ne finira pas, parce qu'en sursaut, vous allez vous réveiller, reprendre péniblement conscience, et tendre la main vers la loupiote, pour apprendre qu'il est, qu'il n'est, que six heures moins le quart, que six heures douze, que sept heures dix...

 

Cette nuit, est-ce parce que Clopin, parti à Paris, n'était pas là  ? -  j'ai ainsi interrompu cinq ou six rêves d'affilée, comme autant de films où je serais partie avant la fin, comme autant de livres ouverts et non refermés. Je crois que cette forme d'insomnie est encore aggravée par ce goût d'inachevé qu'elle procure : finalement, les ai-je achetés, ou non, les chaussures de mon rêve, celles qui devaient me permettre de gravir l'Everest ? Et cet aquarium bizarre, qu'un marchand à voix de perroquet installait sur la place Brévière, allait-il se remplir de poissons ?  Et cette Université bâtie comme un palais des mille et une nuits,  où l'on m'acceptait enfin, malgré mon âge, en aurais-je franchi la porte, si j'avais pu finir de rêver à mon aise ?

 

Le Hachoir à nuits est redoutable : quand enfin l'aube vous permet de vous lever, et de passer à autre chose, c'est son tranchant qui pèse et enserre  votre front, ce sont ses reflets métalliques qui empoisonnent votre bouche et   ses coups répétés qui vous emplissent encore d'une fatigue lasse d'elle-même.

 


 

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 17:05

Avez-vous remarqué qu'on ne peut parler du silence, sans du même coup le tuer  ?

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