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15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 09:44

Celle-ci est délicieuse, je la pratique depuis des années et ne m'en lasse pas... C'est un vrai bijou !!! 

 

 

TIMOLEON LE JARDINIER (Roger Riffard)

 

Clara, ma fille, d’où rapportez-vous

Tant de brindilles dans vos cheveux fous?
Par quelle sorte d’horloge trompée
N’êtes-vous rentrée qu’à la nuit tombée?
Voici, maman, le vent ayant soufflé
Au crépuscule je m’en suis allée
Ramasser la feuille du marronnier
Avec Timoléon le jardinier

Clara, ma fille, nous apercevons
Quelques désordres parmi vos jupons
Mais par quelle manœuvre accidentelle
En avez-vous déchiré la dentelle?
Voici, maman, ayant prêté la main
Pour élaguer les ronces du chemin
Je dus aller trop loin dans le hallier
Avec Timoléon le jardinier

Clara, ma fille, sans épiloguer
Je vous découvre des yeux fatigués
Encore qu’une étonnante lumière
Ce soir s’échappe d’entre vos paupières
Voici, maman, l’instant nous parut bon
Pour étaler de l’ail et de l’oignon
Et c’est pourquoi je fus dans le grenier
Avec Timoléon le jardinier

Clara, ma fille, ce zèle nouveau
Qui vous attache à ces rudes travaux
Me semble passer un peu la mesure
Voulez-vous m’en préciser la nature?
Voici, maman, souffrez que d’aujourd’hui
Je vous puisse être d’un précieux appui
Tant il est vrai que vous vous surmeniez
Avec Timoléon le jardinier

 

 

 

PS : MERCI A TOUS ET TOUTES POUR VOS PRECIEUX AVIS SUR BEAUBEC PRODUCTIONS; nous avons tenu compte de chacun d'entre eux (sauf un, que je n'ai pas publié pour cause de soucis diplomatiques !) MERCI ENCORE !!! 

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 17:58

Le site "Beaubec Productions" prend de plus en plus forme, mais nous aurions besoin d'avis ! Si jamais vous pouvez aller y faire un saut... 

 

Le mieux, c'est de regarder le diaporama de la page d'accueil en écoutant la musique qui vous sera proposée, et que vous pouvez trouver ci-dessous.

 

Donc, vous ouvez ceci : 

 

http://www.beaubecproductions.fr/

 

Et, en même temps, cela :

 



 

Et vous êtes suffisamment chic pour venir dire si vous aimez, ou non... 

 

AVEC TOUTE MA RECONNAISSANCE

 

CLO

 

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10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 11:38

J'avais six ans et demi, et je savais enfin lire. Ce qui me semblait un juste retour des choses. Ne devais-je pas désormais  dormir toute seule dans une chambre, au lieu de rester avec mes frères  ? N'avais-je pas dû accepter une paire de lunettes "sécurité sociale", qui avait fait fuir mon amoureux, Gérard, le fils de l'ophtalmo ? La lecture était une sorte de compensation, méritée, de tous ces sacrifices. Er j'adorais ça. 

Voici comment j'opérais. Je rangeais fort soigneusement, à mon goût, ma petite chambre jaune. J'aplanissais mes draps et la courtepointe orange, je disposais  mes jouets sur les étagères, et je posais Isabelle au milieu de la pièce, debout, pour faire comme si c'était elle qui me recevait. Isabelle, c'était ma poupée préférée, elle était "presqu'aussi grande que moi", et portait une belle robe de velours bleu, confectionnée par ma mère, elle était blonde et avait les yeux bleus. Grande, blonde, aux yeux bleus : mon exact contraire. Elle tenait sur ses pieds, et était articulée. Quant tout était prêt, je grimpais dans mon lit, allumais ma petite lampe à l'abat-jour rose, et je commençais à lire un livre à Isabelle, qui écoutait toujours religieusement. Lire à voix haute, comme à l'école, m'aidait considèrablement à maîtriser les mots difficiles. Ce soir-là, c'était les noms propres qui me posaient problème. "Thénardier", surtout (un nom monstrueux pour mes six ans et demi), mais aussi "Eponine", et "Azelma" : eh oui. J'avais commencé l'histoire de Cosette, dans les Misérables. 

 

Au bout d'une page ou deux, j'ai arrêté de lire à voix haute, et j'ai continué "dans ma tête". Cosette devenait de plus en plus malheureuse. Elle était battue, et devait travailler sans arrêt. Elle était en "haillons", ce qui voulait dire qu'on voyait sa peau bleue à travers les trous de ses vêtements. Elle avait les pieds nus, et mentait "le cheval a bu, et même il a bien bu", pour ne pas chercher de l'eau. On l'envoyait quand même !!! (mon coeur se serrait de plus en plus fort), elle sortait dans la rue, le soir, avec son grand seau, et s'arrêtait à une boutique pour admirer une poupée "presqu'aussi grande qu'elle"...

 

C'en était trop . Je me suis redressée dans le lit, j'ai lancé de toutes mes forces le livre loin de moi, à travers la pièce. Il a heurté le front d'Isabelle au passage, elle est tombée de tout son long et a fermé ses paupières articulées, de surprise sûrement : c'était la première fois que je la brutalisais...  Le livre a rencontré l'étagère, qui en est tombée, et a fini écrasé,  tout ouvert, sur le sol. Je suis sortie de mon lit :  debout, pieds nus,  je sanglotais éperdument, de plus en plus fort, et ma mère est entrée dans la pièce. 

"Qu'est-ce qui se passe encore ? Qu'est-ce que c'est que ce bazar ? Allez, recouche-toi, arrête de pleurer et explique-moi pourquoi tu es dans cet état !"

J'ai obéi, et j'ai expliqué à ma mère qu'il fallait qu'elle aille tout de suite, là, maintenant, chercher Cosette pour la ramener à la maison : on  l'habillerait avec  la robe de velours d'Isabelle, elle dormirait dans ma chambre, dans le lit de la poupée, elle aurait bien chaud, je lui prêterais mes chaussettes, celles qui me montaient jusqu'aux genoux,  on lui donnerait du chocolat et du lait Nestlé, et  plus personne, jamais,  ne lui ferait de mal. Il fallait absolument que Maman parte TOUT DE SUITE la chercher... 

Ma mère a soupiré que j'étais décidément une enfant bien trop nerveuse et elle a pris mes mains dans les siennes, comme quand elle voulait que je l'écoute pour de vrai. Elle me dit qu'elle ne pourrait pas aller chercher Cosette, ni la ramener à la maison, PARCE QUE COSETTE N'EXISTAIT PAS.

Ca ne me surprit pas vraiment : je m'en étais vaguement doutée, mais ça ne me calma pas du tout, au contraire : je repartis dans une crise de larmes. Je ne pouvais pas faire comme si je n'avais pas lu, n'est-ce pas. Il fallait trouver une solution...

Ma mère reprit, calmement, que je devais peut-être continuer ma lecture. Le Monsieur qui avait créé Cosette, dans le livre, allait sûrement arranger les choses pour elle ?

Non, ça ne me convenait pas. Ce que je voulais, si on ne pouvait pas faire venir Cosette, c'était que le Monsieur...

-"Victor Hugo", précisa ma mère.


... Que le Monsieur Victor Hugo, donc, vienne alors, tout de suite et qu'il corrige son livre-là : qu'il raye toute l'histoire de Cosette, qu'on ne voit plus du tout les mots et qu'à la place des vilains mots, par dessus,  il réécrive toute l'histoire et même que Cosette elle serait avec sa Maman et qu'elle aurait une maison et, et, et...

-"Hélas", dit ma mère qui, ô sacrilège, semblait s'amuser de mon désarroi, "ça va être difficile de faire venir Victor Hugo ici !"

J'ai demandé, les yeux encore humides, pourquoi on ne pouvait pas aller le chercher. Et  j'ai appris que cela faisait bien 80 ans qu'il était mort... ce qui me fit repartir de plus belle..

Mes frères déboulèrent alors dans  ma chambre : pourquoi pleurais-je ainsi ? Ma mère leur  expliqua :  c'était parce que Victor Hugo était mort. Ils se mirent à rigoler (et ce n'était que pour la première fois, car l'histoire allait tomber dans la légende familiale et déclencherait souvent l'hilarité),  je les détestai instantanément  et, pour finir, ma mère mit tout le monde dehors, ramassa Isabelle, l'allongea dans mes bras, alla chercher le livre, s'assit sur mon lit et, de sa voix claire et forte, finit de nous  lire l'histoire de Cosette.

Dès que Jean Valjean apparaissait, Cosette était sauvée, et moi aussi. C'était donc vrai, que Victor Hugo ne la laissait pas tomber... 

Je m'endormis sur cette pensée réconfortante, en mélangeant un peu le Père Noël,  Jean Valjean et son créateur certes ! J'avais six ans et demi, et c'était fait : j'étais devenue une lectrice de Victor Hugo. Et ça n'était pas près de s'arrêter ! 

 

 

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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 10:46

Billet polémique, chez Assouline, sur "l'axe Mélénchon-Victor Hugo". On croirait presque lire "l'axe du mal"... Inutile de vous dire ce que j'en pense, hein. 

 

Z'avez qu'à cliquer sur la République des livres. 

 


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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 03:46

Ce n'est pas la chatte qui m'a étonnée, mais c'est Jim...

 

La chatte, j'en ai déjà croisé des comme elle :  des petites bêtes sinueuses, pas encore complètement développées, mais qui, pour leur âge, ne font quand même que le tiers, en taille et en poids, des chats domestiques. Ce sont des bêtes abandonnées, ou errantes, mises bas par des mères prises trop jeunes et pas assez nourries. Elles n'ont généralement pas une espérance de vie bien longue, car elles aussi seront couvertes avant leur temps, et se reproduiront à la va-comme-je-te-pousse, sous un tas de bois ou derrière des gravats, en s'épuisant... Les mâles non plus ne sont pas bien gros.  J'en ai vu beaucoup un certain soir à Mostar, de ces chats,  près du Pont. Ils  mendiaient aux tables du restaurant où nous étions assis, dans le jardin. Elles n'étaient pas farouches, ces bêtes, non. Simplement en perpétuel mouvement, inquiètes et à l'affut. Les symboles mêmes de la misère...

 

Celle de Jim ne fait pas exception à la règle. Sa queue est courte,  trop fine, pas assez fournie pour bien équilibrer l'ensemble de la silhouette. Ses yeux sont un peu trop grands, et se fixent un peu trop longtemps sur vous, avant qu'elle ne vienne se caresser à vos jambes. Elle a le pelage qu'il faut pour passer inaperçue : c'est une de ces "écailles de tortue", tricolore, où le fauve s'atténue dans le noir, où les taches rousses dissimulent leurs contours dans le bigarré. C'est Mehdi, évidemment, qui la nourrit, en posant sur le sol l'écuelle où il verse les restes de leurs repas. Mais c'est sur les genoux de Jim qu'elle saute. 

 

C'est cela qui a radicalement changé : l'attitude de Jim envers la chatte. Jim, "avant", n'a jamais vraiment fait attention aux chats, ni d'ailleurs aux autres bêtes. Il consentait, certes, à partager son toit avec un certain nombre d'animaux... à condition que ce soit les animaux "des autres", et qu'il ne soit en rien concerné par les soins à leur donner. A cette condition seulement, il pouvait rire de bon coeur des mésaventures  des chats, qui se coincent dans les tiroirs, sont coursés par les chiens ou tombent des chaises, et  accepter de découvrir, au pied de son lit, une petite colline pelotonnée et ronronnante, qui cherchait la chaleur. Mais je ne l'avais jamais vu, de lui-même, appeler une bête près de lui.


Tandis que là, non seulement la main de Jim, infatigable, parcoure tout le long du dos de la petite bête, et la gratte précisément là où les chats aiment être grattés, entre les deux oreilles pointues et dressées de plaisir, mais encore il parle d'elle avec un attendrissement dans la voix que je ne lui connaissais pas. Il raconte, malgré les immenses  difficultés qu'il éprouve pour trouver ses mots, combien il aime qu'elle dorme avec lui, et combien elle est douce... Elle le calme visiblement, et la grande colère qu'il exprimait, il y a un mois encore, envers l'univers en général et son curateur en particulier, disparaît au profit des douceurs procurées à  la "pitchoune" qui ne le quitte plus.

 

Je crois que c'est Mehdi qu'il faut remercier pour cet apaisement. Comme la Jeanne de Brassens,  ce mince petit bonhomme attire à lui, décidément, tous les chats perdus, et s'occupe d'eux de la même manière qu'il s'occupe de Jim : avec le naturel de l'évidence...  Moi, qui ne pourrais vivre sans mes bêtes, je suis sortie réconfortée de la maison de Jim. Certes, il n'est plus du tout la personne que j'ai autrefois connue, "et de si près tenue", n'est-ce pas... Mais qu'importe, si sa vie de malade peut être éclairée ainsi, par les beaux yeux d'un chat ? 

 

 

 

 

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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 08:48

(et au fait, tout est-il vraiment prévu ?)

 

Ce matin-là, Benjamin Cauchard sortit de son joli petit pavillon, contourna la haie de thuyas qui le séparait du joli petit pavillon de son identique voisin, ouvrit bruyamment la porte coulissante de son garage et sortit la voiture diesel et néanmoins allemande qu'il avait achetée à crédit 48 mois auparavant. 

 

Il partait au boulot.

 

Benjamin Cauchard était un natif du coin, et son avenir professionnel avait été tout tracé, dès le départ. Il ne pouvait être marin pêcheur comme son grand'père, et ne voulait pas être docker comme son père. De toute façon, dans son lycée technique, les filières qui lui avaient été proposées étaient toutes destinées à alimenter les ressources humaines de son employeur, le seul de la région. Par égard pour le passé de sa famille, Cauchard était syndiqué, et votait à gauche. Pour le reste, il avait à peine eu conscience d'être formaté, c'était donc une forme de prédestination au bonheur qui lui avait été fournie, en même temps que son diplôme. Et puis, on avait vraiment besoin de lui au boulot : c'était une satisfaction, même si du coup, il ne pouvait faire grève. IL était en fait assez content de lui.  

 

Sauf que là il avait besoin d'essence, pour aller au boulot, justement. 

 

Manque de chance : depuis les élections présidentielles, qui avaient mal tourné dans son pays, le climat était particulièrement explosif, et les dernières mesures annoncées (obligation pour les salariés malades de consulter deux médecins différents, de sensiblités politiques opposées, et de déposer un prévis d'absence pour congé maladie  48 heures à l'avance) n'avaient pas amélioré le modèle. Les  infos ne parlaient pas encore de grève générale, mais on sentait le pays au bord de l'explosion.

 

D'ailleurs, les pompes étaient fermées. 

 

Qu'à cela ne tienne, pensa Benjamin Cauchard. Il n'y avait pas que les dix supermarchés qui environnaient sa petite ville, que diable ! Il trouverait bien une station service à l'ancienne, tiens, celle sur la route de Rouen, là, pas l'autoroute mais l'autre... Non, celle-là était aussi fermée. Benjamin commença à s'inquiéter, et, tandis que la petite pompe rouge clignotait de plus en plus clairement sur le tableau de bord, il alluma la radio, ce qu'il n'aimait pas faire d'ordinaire. ON était toujours trop vite averti des mauvaises nouvelles.... C'était bien ce qu'il pensait : le pays était bloqué, les raffineries fermées, le gouvernement en conférence avec l'état-major militaire pour parer au plus pressé, et toutes les routes de quelque importance étaient bloquées par les syndicats de chauffeurs routiers (qui n'avaient pas apprécié  qu'on ramenât leur rémunération au niveau des salaires les plus faibles de la Grèce, tel que l'avait prescrit la dernière circulaire ultra-libérale de l'Europe). 

 

Benjamin Cauchard n'avait plus qu'une solution : appeler son travail, expliquer, prévenir et se faire remplacer. IL n'allait quand même pas faire les 42 kilomètres qui le séparaient de l'usine à pied. Il se gara donc sagement sur le bord de la route (de toute façon, plus personne ne roulait) sortit son téléphone et se mit en devoir d'appeler. 

 

Mais personne ne répondit. 

 

Benjamin Cauchard, qui n'était pas du genre à s'énerver, se sentit cependant un peu angoissé. Normalement, son usine requérait une présence constante, obligatoire, essentielle et prioritaire. Des protocoles étaient affichés partout, pour expliquer les conduites à tenir dans tous les cas possibles. C'était bien indiqué ainsi : TOUS  les cas possibles. Tremblements de terre et tsunamis inclus. 

 

Mais en cas de grève générale ? Benjamin tentait de se souvenir de ce qu'il fallait faire, en cas de blocage du pays. Oh, c'était bien indiqué sur les protocoles... Mais encore fallait-il être devant pour les lire.... Et comment faisait-on, si on ne pouvait arriver sur son lieu de travail ? Le mieux était de rentrer chez soi, et d'attendre des instructions. De toute manière, c'était l'armée qui allait prendre en main les opérations. Benjamin n'avait donc pas à s'en faire... Sauf qu'un petit malaise allait grandissant chez lui. Les militaires allaient-ils savoir regarder de près le petit tuyau du secteur 456 B, ce tuyau qu'il s'était promis de surveiller ce jour-là, et qui était planqué derrière la vanne triphasée du réservoir de refroidissement, et fort peu accessible ? Bah, il n'y avait sûrement pas de souci à se faire, pensa-t-il. IL n'était guère, là-bas, qu'une sorte de plombier, pas du tout nécessaire à la formidable organisation qu'une usine comme la sienne impliquait.

 

 Mais pourtant...

Pendant que Benjamin Cauchard, technicien de maintenance à la centrale nucléaire de Penly, de Paluel, de La Hague ou d'ailleurs, rentrait piteusement chez lui, contournait la haie de thuyas, pénétrait dans son salon conforama et allumait la télé, une toute petite fuite se produisait sur  le petit  tuyau du secteur 456 B d de la centrale. Une toute petite fuite, que Benjamin Cauchard, ou n'importe lequel de ses collègues, aurait pu facilement maîtriser. Sauf que ses concitoyens, avec le même aveuglement qui les avait poussés à accepter de continuer le programme nucléaire français, avaient également voté pour le candidat qui allait mettre le feu aux poudres sociales, ce qui empêchait maintenant Benjamin Cauchard et ses autres collègues, tout bonnement, d'aller fermer les robinets du secteur 456 B. Et ce fut ainsi que la panne arriva. 


La toute petite panne... 

 

 

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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 11:04

 

Allez, bon, aujourd'hui, jour spécial ! Un peu de brume à l'âme, de regret de mes faiblesses et d'appréhension de l'avenir. Je m'autoriserais presque, si je m'écoutais,  à être sentimentale, en ce jour anniversaire... Ce n'est pas si souvent, parce que Beaubec ne prédispose pas vraiment à l'abandon rose bonbon. Et d'ailleurs, moi non plus je n'aime pas trop la guimauve...

 

Cependant, bien sûr, comme tout le monde, il m'est arrivé de l'être, sentimentale. Après avoir rencontré Clopin, j'ai eu une phase, assez courte cependant (ouf) mais intense, où j'étais particulièrement réceptive à Julien Clerc. Eh oui. Julien Clerc !!!  Je n'étais d'ailleurs pas la seule : pendant la même période, et sans concertation, Clopin lui-même connaissait la même curieuse addiction. Un certain soir, nous avons découvert, bêtas et ravis,  qu' avant chacun de nos rendez-vous, nous fredonnions le répertoire du beau Julien ! Sauf que ce n'était pas les mêmes chansons. Clopin, dans la voiture qui l'amenait à Rouen, reprenait "fais-moi une place" ("fais-moi une place au creux de ta bulle, et pardonne-moi si je suis trop nul"). Pour ma part, en commençant à l'attendre, j'entonnais "Ma préférence à moi", en changeant simplement le genre de la chanson ("je le sais, on ne me croit pas fidèle à ce qu'il est et déjà on parle de lui à l'imparfait, mais il est ma préférence à moi..). Etions-nous  attendrissants, et mignons comme tout... Et un peu cons... 

 

Foule sentimentale, quoi. Comme tout le monde. Mais il est vrai que chacun d'entre nous contient un peu de tous... Comme quoi ? Comme ça : 

 

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 11:44

 

Dans le pays de Bray humide... 

 

(bon, à part ça et tout bien réfléchi, je sais pourquoi je vais voter Mélenchon. C'est parce que ce type, qui a de fort mauvaises fréquentations, est en colère. Et que j'ai exactement les mêmes colères que lui. C'est un peu court, jeune fille ? Ben, c'est déjà ça.)

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 18:18

J'ai loupé le coche - pas tout-à-fait de ma faute, d'ailleurs, chez les Scryfouillards qui dimanche en huit proposaient un atelier écriture. J'ai loupé le coche, mais depuis j'ai des regrets. D'abord parce que les ateliers du scryf sont bien plus largement ouverts, comprennent moins de règles à la con, que beaucoup d'autres. Ensuite parce que le challenge réside aussi dans la rapidité... Mais justement, c'est ce délai trop court qui m'a handicapée. Pourtant, depuis, j'ai le regret persistant de ne pas avoir participé à l'atelier "en bateau" et "oh, la belle bleue !", à cause d'une de ces mauvaises petites idées qui me font divaguer. Tant pis, je m'en vais l'écrire ici même, ma petite idée, avant d'aller embêter les participants du scryf avec mes hors-délai...

zou ! 

 

BERCE JUSQU'AU FOND DU COEUR

 

Je me souviens encore  des premiers mots qu'il a prononcés à mon sujet : "Oh, qu'elle est belle, oh,  la belle bleue," s'est-il exclamé naïvement, pendant que son tuteur, un Mentor qui n'était pas encore vieux,  l'empêchait de courir sur la plage.  C'était absolument vrai : j'étais ce jour là, belle, et plus que belle, et bleue, plus que bleue.  Le petit homme qui  s'exclamait ainsi,  comme s'il me voyait pour la première fois alors que de tout temps, j'avais bercé son île natale de mes bras blancs, ne devait  pas avoir plus de quatre ans, certainement pas cinq en tout cas. Quel bel enfant c'était !  Droit et si fier, la main posée sur un tronc d'olivier, des boucles dorées  se détachant sur sa peau bronzée  et dardant son regard, bleu et vert et déjà intense, vers la plage blonde, et vers moi...  Mais il lui fallait rentrer au Palais, et il m'a regardée une dernière fois avec regret, avant d'obéir à son précepteur. 

Ah, je n'ai jamais oublié cette première fois. Maintenant  j'ai vieilli, et  vous les hommes, à force de vous multiplier sur mes rives, de me parcourir sans cesse et de fond en comble, de me jeter vos ordures à la face et de me racler de vos filets, m'avait prématurément vieillie, et salie... Mais à cette époque-là j'étais  d'une beauté étourdissante. Mais cet enfant, cela l'a pris si jeune, et il était si beau - j'ai tout de suite su qu'il y allait avoir, entre lui et moi, une de ses amours  qui font trembler l'univers. Je crois même, que, chez les hommes, un vieux poète a écrit notre histoire, à cet homme-là, et à moi. Je ne sais pas ce qu'il a dit, parce que je ne parle pas le langage des hommes... Sauf des rares qui sont devenus à jamais mes amants. Comme celui-là. 

Evidemment, il a passé son enfance à me courtiser. Pas de jour sans qu'il veuille me prendre, qu'il cabotine le long des côtes de son île, et à chaque fois, il voulait aller plus loin. Tous mes amants, sans exception, n'ont pu se contenter de mes plages et de mes côtes. Tous, sous des prétextes divers, l'exploration, le loisir, même la guerre, ont voulu connaître tous mes visages. Cet amant-là s'est embarqué dès qu'il l'a pu, et j'ai cru, oui j'ai cru que j'arriverais à le retenir... 

Il a si longtemps joué avec moi. IL était de première force, évidemment, dans l'art de la navigation, et je me faisais douce sous son gouvernail. Comme je l'ai aimé ! Il était à moi : il mentait aux autres, à son épouse, à ses guerriers, à ses alliés, invoquant d'invraisemblables aventures pour rester avec moi... J'étais seule à le connaître vraiment - du moins je le croyais. Car cet homme si indissolublement attaché à mes flots,à mes secrets et à mes merveilles, me trompait pourtant. Je croyais être seule dans son coeur - mais un soir, un beau soir où, paisiblement, je le berçais, j'ai vu qu'il pensait à une autre. Non, pas à une de ces femmes méprisables qui avaient beau se coire magiciennes ou déesses - alors qu'elles étaient aussi périssables que la moindre de mes sardines - mais à sa terre. Oui, ce bout de caillou que j'encerclais, que j'isolais, cette terre sèche et caillouteuse, ces quatres champs et ces trois villages : c'étaient eux qui lui manquaient, c'était pour eux qu'il me trahissait... Ah, ça, je vous prie de croire qu'il l'a payée cher, sa trahison, lui, cet homme "aux mille tours" qui avait su me séduire. Je l'ai secoué, épouvanté, tiré vers des gouffres, je me suis jouée de lui, à mon tour, comme d'un pantin, et quand je l'ai laissé enfin rejoindre sa Pénélope, et cette Ithaque que j'avais appris à haïr, les beaux cheveux drus d'Ulysse étaient tombés, sa peau était burinée et gardait la trace de mes doigts, et ses yeux bleu-vert ne s'ouvraient plus qu'à travers les fentes de la ruse. 

Voyez-vous, ce n'était que justice. Il était, c'est vrai, un des plus beaux amants que j'ai jamais eus, moi, la Méditerranée. Et je l'ai bercé, cet Ulysse si beau, jusqu'au fond de mon coeur... Mais c'est ainsi :  je n'ai jamais supportée qu'on me mène en bateau... "

 

 

 

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31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 08:57

Ce samedi 30 mars 2012 va, je le sais, laisser une sacrée marque dans mon esprit. Le grand'père de Clopinou  part  en effet à l'hôpital. Ses 84 ans, ses multiples maux (un rein fichu, un cancer qui a laissé de douloureuses cicatrices, et la maladie de Parkinson qui tape sur son système nerveux et lui raidit les jambes dans d'interminables spasmes) ont eu raison de lui, et de nous. Papy ne supporte pas d'être désormais impotent, n'arrive ni à se décontracter ni à accepter le fauteuil roulant et les "protections", signes visibles de sa déchéance physique. IL  est littéralement épuisé. Tout ce qui lui reste de  sa dignité,  de sa force de caractère - et dans cette famille, c'est évidemment la volonté, tenace, farouche,  parfois hautaine qui est de loin le caractère le plus remarquable, et  a permis au père de Papy de revenir vivant des camps de concentration - est mis au service du silence qu'il adopte, au lieu de se plaindre - au moins vis-à-vis de nous. Et je me demande si le raidissement désormais quasi-permanent de ce corps épuisé ne répond pas à une injonction secrète, intérieure, qui pousse Papy à refuser les secours. Il ne se plaint pas, ne nous dit pas "non" : c'est pire que cela, puisque c'est son corps, désormais, qui nous le crie. 

 

J'espère de tout mon coeur qu'à l'hôpital, il trouvera un peu de repos. C'est de cela, à mon sens, que son pauvre corps a le plus besoin...

 

Du coup, me voici seule avec Clopinou, la vie qui continue et ses petits soucis. Ce jour est également important pour mon fils : il envoie, dans les prestigieux lycées parisiens où il voudrait être admis en classes préparatoires, (il va cependant tenter le concours de sciences po, mais sa décision est prise : il vise les prépas d'Henri IV) son dossier d'inscription. IL a vraiment fait le maximum pour que ce dossier soit "bon". Mais comme on ignore les critères de sélection, malgré les encouragements qu'il a reçus, le doute subsiste...

 

Allez, je me lâche et ose vous entretenir des brillants résultats du fiston (ça me rassurera peut-être, et me distraira sûrment !) Les moyennes générales des cinq trimestres considérés dans les dossiers sont excellentes, 16,77 pour la dernière par exemple. Aucune matière (sauf peut-être l'éducation physique, et encore) n'est faible. Il est le premier de la classe, avec minimum deux ou trois points d'écart sur le second, dans 6 matières sur 8, avec des points particulièrement forts en économie, maths, philosophie, anglais et histoire-géo. Et latin.  Les appréciations de ses professeurs  "excellent trimestre, du sérieux dans le travail et de la curiosité intellectuelle", par exemple,  ou encore, pour une épreuve orale de français "prestation éblouissante, intellectuelle et impressionnante", me paraissent de nature à faire pencher la balance en sa faveur ? Quelqu'un le sait-il, parmi mes visiteurs ?  Mais je crains qu'il n'y ait  des centaines de dossiers aussi bons que le sien... et cette admission  est le premier "vrai" obstacle qu'il doit franchir, depuis le début de sa scolarité.

 

J'ai beau me dire que cet avenir lui appartient désormais, et surtout que ce parcours, si éloigné de tout ce à quoi je m'attendais et de mes propres aspirations,  résultant de son choix à lui seul, ne peut être discuté, n'empêche que j'ai peur de sa réaction, s'il se voit refusé. Il n'a encore jamais connu l'échec... Nous verrons bien. 

 

Drôle de journée, pour de vrai, avec ses "alea jacta est" qui surgissent de tous côtés. Ce qui m'embête aussi, c'est que Clopin risque de ne pas être là ce soir, pour l'assemblée générale de l'association de défense de l'environnement dont nous faisons partie. Y aller toute seule, alors que c'est lui le moteur de cet engagement-là, et que je n'y adopte qu'une position de dilettantisme bienveillant, me fait vraiment tartir. Mais enfin, s'il le faut... alea jacta est. 

 


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